Le Clan Ulhan
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Le clan de l'Alliance Ulhan sur Sarwyen
 
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 RP pour Wols

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Airor Kronik
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MessageSujet: RP pour Wols   RP pour Wols Icon_minitimeDim 17 Déc - 10:41

Cadre hors sarwyen, spécial dédicace Wols !

Bataille sur les collines

Le petit corps expéditionnaire avançait en silence, serpentant entre les hautes montagnes herbeuses de la Barbarie. Le ciel délavé par les récentes pluies d’été laissait transparaître une voûte d’un bleu translucide, voilée par quelques nuages déchiquetés par les vents du sud.
Maître Wols de Dorferian, Seigneur Alchimiste de Fordaur en disgrâce, marchait en tête, le port altier, la démarche assurée.
Les longs pans de sa cape de voyage traînaient dans les hautes herbes, cachant en partie sa lourde cotte de mailles. Dans son dos pendait une sacoche aux formes rebondies, d’où des bruits de flacons s’entrechoquaient sortaient à chaque pas. Sa longue épée rangée dans son fourreau de cuir à son côté, sa fine baguette de chêne passée dans la ceinture, il marchait droit devant lui, enjambant les flaques.
Derrière lui marchaient huit de ses disciples, braves hommes à son service depuis quelques mois et qui cherchaient à acquérir à ses côtés savoir, gloire et aventures ; ils allaient être servis… Mais pour l’heure, marchant joyeusement entre les arbres tordus, ils chantaient des airs de leur pays. Le plus jeune d’entre eux, Tirovas, portait fièrement le petit bouclier qu’il avait hérité de son père. Sa courte épée nue battant son flanc, il entonnait avec ses camarades les chansons à boire.
Derrière les hommes progressaient des hommes de boue. Dix hommes de boue groupés en deux bandes, chacun portant une lourde massue de bois dense, bardée de clous de fer. Leurs regards impénétrables observaient les environs, et leurs pieds cornus martelaient le sol en cadence.
Puis s’avançaient huit bolgardans, élite des marais, champions de la guerre. Chacun portait une armure en fonte, un lourd bouclier et une masse d’arme. Ils entouraient étroitement la créature la plus puissante du convoi, un énorme golem de fer et d’argile, qui déplaçait sa masse lentement, écrasant sous ses pieds massifs les touffes d’herbe.

Wols s’arrêta au pied d’une petite colline, tous ses sens en éveil. Il sentait une perturbation notable dans l’environnement, tant matériel que spirituel. Faisant signe à ses hommes de main de faire silence, il commença à gravir la pente. Ses huit compagnons l’imitèrent, désormais bouche close. D’entre les fourrés ne tarda pas à venir une bande de neuf autres hommes de boue : éclaireurs de l’expédition, ils avaient enfin rejoint le gros de la troupe : leur chef, un soldat athlétique prénommé Flugliz, expliqua brièvement au chef des humains :
« -Decoktar nous envoie vous prévenir que l’ennemi est déjà en marche. Il a quitté son repaire et se porte à notre rencontre, ils arriveront probablement d’ici quelques minutes.
-Fort bien, approuva l’alchimiste, courez prévenir les vôtres. Nous allons attendre l’adversaire, et le renvoyer d’où il vient.
-Puissent les vents tourner en notre faveur. »
Les frondeurs des marais descendirent la colline en toute hâte, laissant les humains atteindre seuls le sommet. Wols de Dorferian, malgré toute son expérience du vaste monde, ne put réprimer un frisson à la vue du spectacle qui s’offrait à lui : sous ses yeux écoeurés, la vallée s’étirait entre les montagnes, son sol d’un rouge vif balayé par les ondulations de prêles d’un bleu violacé. Des vautours décharnés, promenant leurs silhouettes squelettiques dans le ciel du matin, poussaient des cris rauques à glacer le sang. A l’autre extrémité du vallon, des vapeurs âcres s’élevaient, fumées nauséeuses exhalées par les puits de lave.
Déposant son bardas sur le sol, le vieux sorcier en retira quelques flacons dont il examina les étiquettes. Satisfait de sa sélection, il en avala, plusieurs gorgées, tout en exécutant des passes de ses longs doigts, et en marmonnant des invocations magiques. Puis, debout, dégainant sa lame, il attendit, les yeux fermés, que le breuvage fasse son effet. Peu à peu, le liquide brûlant se répandit dans ses veines…

De longs hurlements dantesques faisaient vibrer l’air de la vallée, exhalant des prophéties terribles et autres jurons blasphématoires. La bande des créatures maudites approchait, et son aura de malveillance obscurcissait les Vents. Avec une lenteur calculée, les démons sortirent du brouillard, leurs yeux rouges injectés de sang dardant des éclairs. Ils n’étaient pas très nombreux, mais la terreur qu’ils inspiraient fit reculer les hommes de boue, pourtant cantonnés à bonne distance. Rien qu’à contempler les formes déchirées des mauvais, on éprouvait un dégoût, une répulsion indescriptibles.
Le plus grand des êtres rongés par la malice se campa au milieu du passage, tendant le bras en avant. L’atmosphère crépita d’une pluie de cendres quand elle se convulsa pour engendrer une énorme hache à double lame, qui se déplaça, en lévitation, pour arriver dans la poigne de fer du géant rouge. Un long sourire carnassier s’épanouit sur les traits bestiaux du maudit, et dardant une langue fourchue, il éructa des mots de pouvoir.

Le sol au milieu du vallon se crevassa, se fissura, gonflé par une bouffée de lave. Le magma suscité par l’incantation du démon majeur jaillit comme l’eau d’une fontaine. La colonne de roche en fusion monta en flèche droit vers le ciel, véritable colonne mouvante, déversant des flots ardents sur le sol sanglant. Poussant un long cri de guerre à glacer les cœurs, il s’envola, porté par une paire d’ailes à la peau filandreuse. Trois de ses sbires l’imitèrent, piaillant d’impatiences, leurs griffes démesurées cinglant l’air devant eux. Tel un vol de chauves-souris monstrueuses, ils disparurent bientôt derrière le pilier de lave…
Cependant que le reste de l’armée démoniaque courait, témoignant d’une vitesse que l’on n’aurait pas pu lui soupçonner. Les démons mineurs, de taille humaine, grognaient en prévision du carnage à venir. Au milieu d’eux, deux bourreaux d’enfer, maniant de longs fléaux de deux mètres de long.

Le vieil alchimiste descendit à pas réguliers la pente, droit vers l’ennemi, entraînant dans son sillage ses camarades. Tirovas, malgré son cœur qui battait la chamade, les imita. Epousant son mouvement, les hommes de boue sur son flanc droit s’avancèrent à leur tour. Les cris démoniaques se rapprochaient, et l’armée hurlante se scindait en deux groupes passant chacun d’un côté du jet de magma. Wols de Dorferian analysa rapidement la situation et fit signe à ses camarades de s’arrêter. Pointant sa baguette sur le groupe de démon à sa gauche, il prononça quelques paroles incantatoires… Une masse de vents tourbillonnants apparut à la pointe de la branche de chêne, se modulant pour former un sorte de maillet fluide. Une dernière interjection propulsa le projectile sur le bourreau d’enfer qui s’avançait en piétinant les fougères. Le maillet impalpable s’écrasa sur la poitrine musclée du géant sans plus de dommages. Un voile de déception apparut sur le visage anxieux du magicien, qui commençait à percevoir toute la puissance néfaste du grand démon.

Les frondeurs des marais firent siffler leurs lance-pierres, délivrant une grêle de galets sur les démons qui ne s’en souciaient guère. Les bolgardans à leur tour produisirent leurs frondes et délivrèrent une pluie tout aussi drue, n’arrachant que quelques grognements à leurs cibles. Voyant que leur tactique n’était pas efficace, ils commencèrent à reculer, tout en continuant à faire tournoyer des pierres. Une nouvelle fois, l’alchimiste tenta d’user de ses sortilèges, mais les Vents refusaient de se plier à sa volonté, et seuls quelques tourbillons lumineux glissèrent devant sa baguette.

Le groupe de démons de droite s’avançait en hurlant de joie, quand soudain, tombant du haut de la colonne de lave brûlante, le démon majeur accompagné de ses acolytes transperça les nuages. Dans un grand cri haineux, il s’abattit de toutes ses forces sur le sol, face au magicien humain. Deux des hommes de main s’interposèrent, fendus en deux aussitôt par la hache géante. Les trois démons accompagnateurs ricanèrent en moulinant de leurs mains griffues, martelant les boucliers des apprentis. Wols souleva son glaive et intercepta un nouveau coup de la hache formidable, évitant ainsi une mort certaine.

Sur ces entrefaites, le groupe de monstres sur la droite approchait. Les bolgardans bondirent alors en avant, et après une nouvelle salve, chargèrent résolument. Le choc entre les deux formations fut rude, et plusieurs braves tombèrent sur le sol, tandis que les survivants renvoyaient dans l’autre monde les démons mineurs qui frappaient comme des bêtes. Le bourreau d’enfer qui les dirigeait frappait lentement mais sûrement, chacun de ses coups de boutoir brisant un bras ou une jambe.
Avec un calme invincible, le golem de fer se tourna vers le démon majeur, et se mit en devoir de lui causer du fil à retordre. Levant ses bras implacables, il tenta plusieurs ripostes, encaissant sans sourciller les frappes de l’abomination. Les frondeurs des marais le suivirent en dégainant leurs coutelas.

Un hululement plaintif vibra dans l’air, annonçant la venue de l’herboriste. Monté sur un chuinteur des marais nerveux, au bec bavant d’impatience, il se précipita au secours de son allié. Sans la moindre appréhension, il se porta aux côtés de Wols.
Ce-dernier vacillait sous les coups, blessé à maints reprises par les serres d’acier de ses agresseurs. Déjà à genoux, parant de son mieux les attaques physiques et psychiques du démon qui le dominait de sa stature démesurée, il accueillit cette aide avec un immense soulagement.
Brandissant son bâton de saule endiamanté, dont l’extrémité scintillait comme l’étoile du berger par une nuit sans lune, le vieux rebouteux frappa en série son adversaire gigantesque. Par trois fois, la perche transperça les chairs damnées, arrachant des cris de douleur au démon. Les plaies béantes s’enflammaient aussitôt, déversant des giclées de sang noir. Titubant sous le choc, le géant rouge exhorta ses sbires et repoussa du bras le golem qui essayait de le ceinturer.
Les trois démons moissonnaient dans les disciples de l’alchimiste, jusqu’à ce que les hommes de boue les prennent à revers. Les lourdes massues s’abattirent sans pitié, balayant les corps difformes. Cependant l’autre groupe des créatures maudites s’avançait, et les cinq hommes de boue restants leur coururent sus, essayant de les retenir.

La cohue était complète. Sur le flanc droit, les bolgardans tombaient les uns après les autres ; après avoir terrassé les derniers sous-fifres, ils tentaient maintenant de maîtriser le bourreau d’enfer qui leur faisait face. Celui-ci se sentait dans son élément : broyant les crânes, piétinant les dépouilles, il leur réglait leur compte avec méthode.

Le corps à corps général se transformait en bain de sang. Les hommes de boue épuisés, perturbés par les hurlements stridents, reculaient en désordre. Les deux derniers disciples de Wols parvinrent à surprendre les démons mineurs sur le flanc gauche et les firent tomber en poussière, dissipant de quelques bribes le peu de stabilité qu’il restait aux monstres. Mais ils se retrouvèrent alors nez-à-nez avec le second bourreau d’enfer, impatient d’avoir sa part de sang. Tirovas sanglota de désespoir, voyant dans les yeux du monstre sa condamnation à mort…

Un long cri de détresse, véritable écho de milliers d’années de souffrance, résonna dans toute la vallée. Le démon majeur, tordu par la douleur, gisait sur le sol, plié en deux. Undes hommes de boue avait réussi à lui sauter sur le dos et à planter une dague dans son cœur. Le géant maléfique tremblait de tous ses membres, recouvert de son propre sang. Ses ailes trouées battaient l’air, soulevant un vent écœurant, et le dernier soupir du monstre sortit de sa gorge fumante, alors qu’il tentait de se relever. Sa forme terrifiante se dissipa sur place, ne laissant plus qu’un tourbillon de vents de magie, résidus de l’âme immortelle. La place s’enflamma au contact des reliquats du démon, consumant du même coup le peu de puissance qui reliait encore ses serviteurs au monde matériel.

Le vent avait tourné. Decoktar fit tourner bride à son chuinteur et se précipita vers les bolgardans, pour découvrir que pas un n’avait survécu. Serrant les dents, il regarda le bourreau d’enfer disparaître à l’autre extrémité de la vallée, sa soif de sang calmée. Son maître était mort, il n’avait plus rien à faire ici.
Wols transperça la gorge d’un des démons de la suite du géant, et se prépara à achever le dernier, mais le monstre s’envola, sans demander son reste. Le second bourreau grogna de dépit et se précipita vers la colonne de lave qui déjà retombait, et s’y engouffra sans un cri. Les jets de fronde erratiques l’accompagnèrent dans sa fuite. A quelques pas de là, le golem abattait les dernières créatures. La bataille était achevée.

Au sommet de la colline, l’herboriste fit creuser une profonde fosse. Les rescapés y inhumèrent les corps de leurs amis tombés au combat. Aucun des vétérans des marais ne retrouverait son foyer. Decoktar se tenait immobile, devant le fossé, le visage marqué par la douleur. Sa voix tremblante prononçait les Mots d’adieu, selon la coutume bolgniam. Deux éclaireurs, seuls survivants de son expédition, attendaient la fin de la prière, assis en tailleur. Wols de Dorferian avait ramassé son sac à dos, et se tenait appuyé sur le seul de ses disciples encore vivant, Tirovas. A quelque distance, le golem gisait, prostré sur le sol. Pour l’heure, son maître, Decoktar, ne pensait plus à lui.
Lorsque la mélopée fut achevée, l’alchimiste dit :
« -Ces braves ne sont pas tombés pour rien. Nousa vons occis de grands ennemis aujourd’hui. C’est un sévère coup porté au Royaume de Nonvie, il faudra en tirer bénéfice.
-Je ne pourrai pas vous accompagner plus avant, regretta Decoktar. Ma compagnie est brisée, et moi-même, j’en ai assez vu. Nous repartons pour nos marais.
-Puissent les Seconds veiller sur votre route.
-Sur la vôtre aussi, quoi qu’elle me paraisse bien trop sombre. »
Les hommes de boue s’éloignèrent, disparaissant derrière les courbes des collines, leur golem sur leurs talons. Wols de Dorferian les suivit du regard puis se tourna vers l’autre extrémité de la vallée, claudiquant, s’appuyant sur son élève.
« -Nous voilà en bien mauvaise posture, remarqua Tirovas.
-Tu as vu aujourd’hui bien des choses qui auraient glacé d’effroi la plupart des habitants du Fordaur. Si tu le souhaites, tu peux toi aussi me quitter.
-Ce serait trahir mon serment, et la mémoire de mes anciens camarades ! Non, je suis venu chercher avec vous la vérité, je reste.
-Crois-tu que tu la trouveras dans mes pas ?
-Je le pense.
-A la bonne heure ! Vois, la malice est ainsi : quand sa source est tarie, elle ne dure pas. Le mal n’est pas éternel, Tirovas, on peut le terrasser. »
Le piton de lave redescendait peu à peu, disparaissant sous la roche, et il ne restait plus qu’une mare de roche gluante à leur passage. Tirovas frissonna en repensant à la fin du bourreau d’enfer qui s’y était précipité sans remords, pour échapper à sa délivrance.
« -Mais à quel prix, remarqua l’élève. Qu’allons-nous faire ?
-Poursuivre la lutte, assura l’alchimiste. Un mien ami m’a parlé d’un krak situé à un jour de marche d’ici, d’après mes calculs. Nous allosn y solliciter de l’aide. Maintenant que les gardiens des Portes de Royaume de Nonvie sont morts, nous pourrons régler leur compte à ses souverains ténébreux.
-Puissiez vous dire vrai !
-Je ne te demande que de me faire confiance. Ah, il doit me rester du baume pour blessures. Par ma foi, ces bestioles ont beau être instables, leurs griffes sont bien réelles ! »
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MessageSujet: Re: RP pour Wols   RP pour Wols Icon_minitimeMer 17 Jan - 6:07

Un vent mordant, plus dur que les crocs d’un loup de la mort enragé, serpentait entre les pics rocheux, remontait le sentier, pour se jeter avec violence sur les battants de chêne de la forteresse de Karak Urvilûr.
Le bastion s’arc-boutait sur deux pitons rocheux géants, lançant une double arche de pierre par-dessus le précipice. Les tours creusées dans la roche, terminées par des murs de maçonnerie robuste, étaient coiffés de toits d’ardoise, surmontés par des bannières aux couleurs ternes. Les nombreuses fenêtres carrées perçant la falaise observaient la route escarpée, sur laquelle s’engageait un petit groupe.
En tête marchait un nain de robuste constitution, dont la longue barbe d’un gris tirant sur le blanc neigeux descendait jusqu’à ses chevilles. Sous son épais casque d’acier, on pouvait apercevoir deux yeux d’un bleu vif, dont les pupilles curieuses, limpides, ne laissaient pas le moindre détail à l’écart. Sans jamais bouger la tête, on sentait qu’il prenait pleinement conscience de tout ce qui l’entourait ; derrière lui, trois jeunes arpenteurs, recouverts de capes de voyage, manifestaient ouvertement leur mécontentement : peu habitués aux longues marches, ils auraient préféré se dispenser du voyage. Les randonnées dans les Vents de magie avaient bien plus d’attrait pour eux, mais le seigneur Contresort avait insisté pour qu’ils fassent partie de l’expédition. Un bien grand mot, pour une simple visite de courtoisie.

Le reste de la troupe était composé de huit guerriers nains couturés de cicatrices, armés de solides boucliers et de haches aiguisées. Les routes n’étaient pas sûres, surtout depuis que le Royaume de Nonvie était revenu du passé. Là où il aurait dû rester. Contresort, seigneur du Krak Al-Garzatïl, réprima un frisson de dégoût. A peu de distance, par-delà les contreforts des collines, on apercevait les bandes de terre ravagées par la malice des damnés. La terre elle-même semblait corrompue, transformée en une plaque épaisse de boue rouge. Pour rien au monde il n’aurait mis les pieds en pareil endroit.

Ils étaient arrivés devant le portail de la barbacane. Nul besoin de frapper, car ils avaient été vus de loin par les sentinelles. S’ils avaient été malvenus, une volée de carreaux les aurait déjà salués. La porte massive pivotant lentement, révélant une petite cour flanquée de trois corps de garde crénelés, et dominés par les deux tours de défense. Le portier, un jeune nain au ventre proéminent et à la barbe courte, s’inclina avec respect malgré son embonpoint :
« -Seigneur Fulkargik, nous vous attendions avec impatience. Kilarag veut vous parler de toute urgence.
-Filarag ? Ce n’est pas lui qui m’intéresse. Je suis venu voir mon cousin à propos de…
-Le seigneur Garzathül est absent, répondit le jeune portier.
-Comment cela, absent ? »
Le vieux nain fronça les sourcils, révélant un épais réseau de rides sur son visage usé. Il n’y avait que trois raisons pour un seigneur nain, qui l’auraient poussé à quitter son domaine en pleine saison froide : une convocation du Thain, le reflet de l’or, une dette d’honneur. Mais il n’y avait plus eu d’ordre du Thain depuis un ou deux millénaires ; les messagers ne se risquaient plus à traverser la Barbarie pour apporter les paroles du haut-roi dans ces colonies reculées, jadis florissantes, mais désormais sur le déclin. Peut-être même les croyait t-on tous morts, à la cour d’Azgîlboar-Trïkal. En fait, celui que les hommes avaient surnommé Contresort ne savait même pas quel nom portait le Haut-roi.
Peut-être était-ce l’or qui avait fait sortir son vieux cousin de sa retraite ? Mais non, c’était insensé. Il n’y avait jamais eu le moindre trésor dans ces contrées perdues. Les seules richesses des premiers nains, échoués ici par hasard, n’avaient été que leurs armes et leurs connaissances. Leurs souvenirs, leurs légendes. Bien sûr, depuis, ils avaient extrait de la roche des pierres précieuses, des métaux, d’où ils avaient tiré joyaux et colliers ; mais à part les nains, personne n’avait quoi que ce soit d’intéressant à plus de cent lieues à la ronde.
Cela devait donc être une question d’honneur. On prenait cela très au sérieux, par chez eux. Mais cela devait remonter à bien longtemps, alors. Car depuis deux cents ans, jamais le seigneur Garzathül n’avait quitté sa demeure. Curieux que son cousin ne lui en ait jamais parlé. Peut-être y avait-il de l’or, derrière tout cela…
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MessageSujet: Re: RP pour Wols   RP pour Wols Icon_minitimeMer 17 Jan - 6:07

Ils étaient tous entrés dans la cour, et déjà le portier, après avoir refermé la porte principale, ouvrit la seconde barrière. Désormais, seul un vide épouvantable séparait les voyageurs du fortin : un gouffre de près de cinq cents mètres, à pic, enjambé par un pont poussiéreux, rongé par le lierre, large d’à peine un mètre.

Chacun se rappelait sa première traversée : tous les nains présents avaient, au moins deux fois dans leur vie, franchi cet obstacle, pour le banquet traditionnel, que Garzathül organisait tous les siècles, à la mémoire de la fondation de leur colonie. C’était une cérémonie joyeuse où les exilés oubliaient leur mélancolie, et la noyaient dans la bière. La venaison couvrait alors les tables, les cors sonnaient avec puissance, les chansons montaient dans la grande salle souterraine. Tous les chefs de famille venaient pour ce festin.

Maintenant, ils pouvaient franchir l’obstacle, sans rien éprouver de pire qu’une gêne à l’estomac. Ils arrivèrent sans le moindre accident jusqu’à la haute cour, entourée par l’anneau des murailles noires. Le sol de pierre était lisse, poli. Le vent, la pluie et le travail des maçons en avaient fait une sorte d’immense dalle, qui reflétait le ciel comme un miroir. Devant eux, surmonté par une tour imposante, aux murs épais, une nouvelle porte bardée de fer s’ouvrait sur les escaliers de la forteresse. De part et d’autre, les nids des griffons s’étalaient, vastes tas de foin et de paille, abrités par des murets et des toits écailleux.

Contresort s’arrêta quelques secondes, pour observer les hippogriffes. Bien peu, en vérité. Il n’y avait là que des jeunes, de moins de soixante ans, incapables de soutenir le poids d’un passager – à moins que ce passager ne soit un gnome. Et plusieurs mères allaitant encore leurs rejetons. Où étaient passés les adultes ? Partis avec le seigneur, sans doute.

Le couloir en colimaçon descendait sur plusieurs dizaines de mètres, éclairé seulement par les meurtrières pratiquées dans la paroi rocheuse. De là, on pouvait contempler le fort avancé, le sentier crapahutant sur les rochers, la vallée en contrebas, où le Court-Véloce tumultueux, petit ruisseau rapide, disparaissait entre les pins bruns.

La salle où ils arrivèrent était le hall de réception, grand, imposant, au plafond soutenu par six colonnes de basalte. Quatre gardes attendaient devant la porte du fond, en fourbissant leurs armes. Dès l’arrivée des étrangers, ils se levèrent, surpris, puis s’apaisèrent. Le plus vieux des quatre, dont l’œil droit chassieux clignait sans arrêt, vint au-devant du chef des visiteurs, déclarant :
« -Vous voilà enfin, seigneur. Depuis que le corbeau est arrivé, nous patientions avec nervosité. Suivez-moi, je vous prie. »
Tandis que ses trois camarades s’effaçaient, pour le laisser pousser le loquet, il ajouta :
« -Vos compagnons de route peuvent déposer leur attirail ici, on va leur servir un bon repas dans la salle aux banquets.
-Mais…
-Le temps presse, seigneur. »
Les deux vieux nains se retrouvèrent à marcher d’un bon pas dans le reseau lugubre des couloirs silencieux. Karak Urvilûr avait autrefois abrité une population non négligeable de mineurs, chasseurs, bûcherons. C’avait été un des piliers de la colonie. Mais le temps de la gloire avait fui. Désormais, le bastion n’offrait plus le gîte et le couvert qu’à une poignée de vieux montagnards accrochés à leur bout de terre. Une centaine, peut-être. Sûrement moins. Et en comptant femmes et enfants. Il en était de même dans toutes les autres cités : rares étaient les nains. Nombre d’entre eux étaient morts et enterrés, tués dans des raids de pillards, ou vaincus par les rudes conditions de vie. Peu de fils les avaient remplacés. Certains avaient quitté leurs nouveaux foyers, pour tenter de retrouver le Haut-Royaume. Nul ne savait s’ils avaient réussi.
Restaient les vieux fous, comme eux, remarqua amèrement Contresort. Personne n’aurait voulu rester dans les Montagnes de Froid, qui n’apportaient qu’amertume et souffrance. Personne, sauf des illuminés qui avaient cru y trouver une nouvelle maison. Ils étaient piégés désormais, condamnés à demeurer ici. Parce que les caveaux de leurs pères et grands-pères étaient là, à l’abri des montagnes, avec autour d’eux les rares trésors arrachés aux entrailles de la terre. Bloqués sur ces piques inhospitaliers, avec ce qu’il restait de leurs familles. Personne ne voulait vivre ici, non. Surtout depuis le retour du royaume de Nonvie…

« -Dites moi, fit le seigneur nain, en réfléchissant un instant pour se rappeler le nom du nain borgne : Ktarogdur, où est passé mon cousin ? Que s’est-il produit ici ?
-Cela tient en peu de choses, mais nous sommes presque arrivé, le capitaine vous le dira mieux que moi. »

Le vieil infirme boitait. Son pied droit allait bien, lors de sa dernière visite, se rappela le seigneur. Il avait dû faire une mauvaise chute. Il en était ainsi dans ces montagnes : la nature, petit à petit, vous poussait dans l’autre monde. D’ailleurs qui s’attardait encore dans la contrée ? Quelques tribus d’hommes, dans les vallées, il est vrai, s’évertuaient à défricher et planter des récoltes. Mais les fréquentes incursions de maraudeurs ne leur rendaient pas la tache facile. Il fallait reconnaître que ces humains faisaient preuve d’au moins autant de ténacité que leurs voisins des montagnes, reconnut l’ancêtre. Ils l’avaient maintes fois remercié pour son intercession : combien de fois était-il descendu de son karak pour chasser les envahisseurs ? Ses faits d’armes lui avaient vau le surnom de Contresort : celui qui se dresse face au destin, et qui en infléchit le cours. Je me fais vieux, marmonna t-il dans sa barbe, et bientôt je rejoindrai mes parents dans notre dernière demeure. Un jour viendra où la force m’abandonnera, et ce jour n’est plus très loin.

Instinctivement, il sentit qu’il était seul. Son guide s’était éclipsé, le laissant seul avec ses sombres pensées. Devant lui, la porte du conseil semblait l’attendre. Elle grinçait, le bois secoué par les courants d’air, frottant sur les pierres du sol dans un crissement désagréable. Il l’ouvrit en grand, redécouvrant la pièce de dimensions étroites, dont le seul meuble était un grand fauteuil de bois de chêne, sculpté de nombreuses glyphes. Le trône du karak. Un nain se tenait devant, tournant le dos à l’entrée. Les mains croisées, il répondit sans se retourner :
« -Bienvenue parmi nous, seigneur Fulkargik.
-Pourquoi mon cousin ne me reçoit-il pas ?
-Il est en voyage… Un très important voyage.
-Qu’est-ce c’est que cette histoire ?
-Il est parti pour le Royaume de Nonvie » lâcha le capitaine en se tournant de trois quart. Un soldat à forte carrure, à la barbe rousse, n’accusant pas plus de deux cents ans. Ses gestes étaient hésitants, sa voix pâteuse, ses yeux fatigués. Même s’il tentait de le cacher, il avait dû abuser de la bière, ces derniers jours. Contresort n’avait jamais apprécié le capitaine, et son évident laisser-aller le confortait dans son antipathie. Néanmoins, cette phrase, crachée de but en blanc, le frappa comme une francisque en pleine tête :
« -Le Royaume de… répéta t-il. Pourquoi ne pas m’avoir prévenu ?
-Nous savions que vous ne tarderiez pas à venir de toute façon. Mais le temps nous manquait, et notre dernier messager corbeau a été tué il y a trois semaines. Pendant la tempête.
-Il est donc parti… Seul ?
-Avec ce qui restait de notre ost : quatre arbalétriers, nos dix chevaucheurs de griffon, vingt guerriers parmi lesquels ses fidèles Barbes-longues, qui l’avaient toujours accompagné dans ses expéditions ; tout ce qui n’était pas nécessaire pour assurer une sécurité minimale au karak. Ah, il y avait aussi deux hommes.
-Des humains ?
-Tout a commencé à cause d’eux. C’est assez compliqué.
-Je ne suis pas idiot, décréta Fulkargik. Parlez, capitaine.
-C’est une histoire de service rendu. Il y a quelques siècles, la guerre faisait rage en Barbarie. C’était une histoire de succession clanique, vous vous souvenez ? Il se trouve que certains de nos alliés se sont investis dans cette guerre.
-Des nains ont pris part au carnage ?
-Oui » regretta Filarag. Il tendit la main vers une choppe à moitié pleine qui reposait sur l’un des bras du trône, et la vida d’un trait, puis poursuivit :
« -On en a rien su à l’époque, sinon nous aurions apporté notre soutien. Vous et le seigneur Garzathül, aviez toujours mis un point d’honneur à aider nos frères dans l’adversité. Mais à l’époque, les chemins étaient aux mins des brigands ; personne ne quittait son domaine. Enfin, les seigneurs des karak Targal, Vuktadîr et Grost-Frigad avaient décidé de soutenir la cause du clan Ulsanpeste. La guerre a mal tourné, ils ont subi des pertes terribles ; les reliquats des armées se sont repliés juste à temps pour éviter l’annihilation totale. »
Il tira une bouteille de bière de derrière le fauteuil géant, et se reversa une choppe. Evoquer les malheurs de son peuple ne lui plaisait guère, mais l’alcool l’aidait dans son épreuve. Du moins, à partir d’une certaine dose. Il avait suffisamment d’endurance à la boisson pour quelques barillets ne puissent suffire à influer sur sa conscience.
« -pendant la débandade, Airor Kronik, qui était alors un jeune nain téméraire, tenta d’organiser une contre-attaque contre l’avant-garde du clan Vultarus. La bataille eut lieu au Gué d’Afrenn. Il semblerait que les nôtres se soient retrouvés en très mauvaise posture. Et puis cet humain est venu : ce Wols de Doreferian. Il parvint à les arracher des griffes des barbares. Airor Kronik, au nom des siens, prononça donc un serment de redevance. C’est pour ça qu’ils sont partis, trancha t-il. Pour lui rembourser cette dette.
-Je ne vois pas le rapport entre un nain dont le nom ne me dit rien, de l’autre versant des montagnes, et mon cousin…
-Airor Kronik est le jeune frère de Kilina. La défunte épouse de mon seigneur.
-Vous voulez dire que…
-Que cet humain a dit à mon seigneur que son beau-frère serait délié de son serment, en échange d’un coup de main.
-A vraiment ! Et comment être sûr que ce n’est pas un imposteur ?
-Il portait un parchemin jauni signé de la main d’Airor Kronik, avec le sceau de son seigneur en gage de témoin.
-Grotesque ! Un humain n’aurait pas pu vivre aussi longtemps.
-Je soupçonne celui-ci d’avoir du sang elfe…
-Ah ? Vraiment… Voilà qui couronne le tout ! »
Et après un silence :
« -Je le répète, c’est de la folie ! Et pourquoi voulait-il aller au royaume de Nonvie ?
-Soi-disant, pour y mettre un terme, définitivement.
-Mais ils n’arriveront même pas à en franchir les portes !
-Le sire Wols, répondit Filarag après avoir aspiré les dernières gorgées du liquide ambré, a affirmé avoir anéanti les gardiens. Il les aurait tué avec certains de ses amis. C’est pour ça qu’il était pressé. Il voulait entrer tant que la garde était baissée, et porter enfin un coup fatal.
-Depuis combien de jours sont-ils partis ?
-Trois jours, seigneur.
-Vous allez arrêter de boire, Filarag. C’est un ordre. Et ne discutez pas. Je suis le cousin de votre seigneur, et probablement déjà votre maître, à l’heure qu’il est. Dites à vos derniers camarades de faire leurs bagages. Nous partons ce soir.
-Où va-t-on ?
-Sauver vos compagnons, ou ce qu’il en reste.
-En laissant le karak sans défense ?
-Personne ne viendra l’assiéger, n’est-ce pas ? C’est la peur qui vous fait rester ici, pendant que votre suzerain est au seuil de la mort ?
-Il m’a demandé de garder sa demeure ! Protesta le capitaine.
-Un peu de marche au grand air vous fera le plus grand bien, rétorqua Contresort. Nous allons voir si vous savez encore donner de la hache. Cela vous changera les idées.
-Tout de même…
-Ceux que nous laisserons derrière nous n’ont rien à craindre. Cette citadelle est imprenable, même défendue par des femmes et des enfants inexpérimentés. Il n’y a pas de légions qui la convoite, ou qui serait assez aguerrie pour imaginer pouvoir l’envahir. En revanche, des vies sont en danger, par là-bas, dans ce cauchemar, cette puanteur… Nous devons y aller. Et au plus vite. Dites à un de vos griffons de s’envoler pour Al-Garzatïl, que tous mes guerriers s’arment et se mettent en route, sur nos traces. »
Avant de quitter la salle, derrière le capitaine qui titubait dans le couloir en appelant ses camarades, Fulkargik jeta un dernier regard plein de tristesse vers le trône sculpté, dont les glyphes rayonnaient, à la lueur des chandelles.
« -C’est de la folie » murmura t-il.
Finalement, il y avait une chose au monde qui le ferait entrer sur les terres de Nonvie. Honneur.
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